JO Paris 2024 – Natation : Serges Vremen (Pdt FINS) : “Les infrastructures sportives, nœud gordien de l’Afrique’’

Ancien nageur, Serges Vremen préside la Fédération Ivoirienne de natation et de sauvetage (Fins). À Paris, pour les Jeux Olympiques, il analyse la participation des nageurs africains.
La semaine de la natation aux Jeux Olympiques s’est conclue. Quel bilan peut-on tirer du niveau de la compétition ?
Quand on parle de natation aux JO de Paris, on pense déjà à Léon Marchand qui a fait des temps spectaculaires. Nous sommes contents de l’évolution de cette discipline. En revanche, j’ai un petit pincement au cœur concernant la participation des pays africains. Nous aurions voulu davantage médailles. Mais, nous constatons que tous les nageurs qui ont performé à Paris ont des conditions de préparation optimales et un encadrement de qualité. L’environnement compte beaucoup dans la performance. Nous espérons que les responsables des comités olympiques africains et des ministères des Sports, présents à Paris, pourront en tirer des leçons et qu’ils donneront à nos fédérations africaines les moyens nécessaires pour mieux préparer les athlètes aux compétitions majeures comme les Jeux Olympiques.
Vous avez présenté le niveau de la natation. Qu’en est-il de la performance des pays africains dans ce domaine ?
L’Afrique se divise en plusieurs blocs distincts. D’un côté, nous avons l’Afrique du Sud et les pays du Maghreb qui occupent une position privilégiée en termes d’infrastructures sportives. De l’autre, un certain nombre de nations, dont la Côte d’Ivoire, qui a été classée à deux reprises quatrième au niveau africain, mais qui n’a pas réussi à se qualifier directement pour les Jeux Olympiques. C’est regrettable. Sans vouloir blâmer qui que ce soit, il est évident que nous manquons de volonté en matière d’infrastructures et de conditions de travail, ce qui empêche nos athlètes de s’épanouir pleinement.
À vous entendre parler, il semble que les Jeux Olympiques de 2028 à Los Angeles soient déjà compromis pour la natation africaine ?
Effectivement, la préparation pour les Jeux Olympiques commence dès la fin de la précédente édition. Ceux qui aspirent à participer en 2028 doivent déjà se mettre en route. Quatre ans peuvent sembler longs, mais ils sont cruciaux. Nous espérons sincèrement que les choses évolueront dans le bon sens. Nous avons un potentiel indéniable, mais il est surprenant de constater notre dépendance aux athlètes binationaux. Cela s’explique par des conditions de travail plus favorables pour ces derniers. Nous aurions souhaité voir émerger un nageur togolais, burkinabé ou ivoirien capable de briller et de nous offrir une médaille olympique à Paris.
Tatjana Smith, la nageuse sud-africaine, a réalisé une performance remarquable. Pour l’Afrique en général, cela constitue-t-il un lot de consolation ?
Elle a réalisé un temps exceptionnel, ce qui nous étonne. À la regarder, on peut constater qu’elle a accumulé près de 10 à 12 ans d’entraînement. Cela témoigne de la force d’un entraînement quotidien. C’est ce que nous aurions souhaité pour nos autres pays. En Afrique du Sud, chaque ville dispose d’un bassin olympique, tandis qu’en Côte d’Ivoire par exemple, nous n’en avons qu’un. Il est essentiel d’avoir un accès suffisant aux installations, comme des bassins pour la natation et des tatamis pour les judokas. Nos athlètes manquent cruellement d’outils pour s’entraîner et performer à leur meilleur niveau.
Les infrastructures représentent-elles véritablement le principal obstacle au développement du sport en Afrique ?
Le manque d’infrastructures représente un obstacle majeur au développement de nos disciplines olympiques. Dans de nombreux sports, les mêmes athlètes, lorsqu’ils s’exportent, parviennent à se démarquer. Le véritable nœud gordien du sport en Afrique réside dans les infrastructures sportives. Il est nécessaire d’accorder une attention plus soutenue au sport pour favoriser son essor.
Propos suscités par Ange Kouadio
(L’Intelligent d’Abidjan-Côte d’Ivoire)
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