SANTE: Le suicide, un problème de santé publique préoccupant en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, le suicide est devenu une préoccupation majeure de santé publique. Selon une étude menée par l’unité de médecine légale du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Treichville, le pays se classe au troisième rang des pays africains avec le taux de suicide le plus élevé. En moyenne, la Côte d’Ivoire enregistre 23 cas de suicide par an, touchant principalement les jeunes adultes âgés de 20 à 29 ans. Si plusieurs cas de suicide ont été rapportés par les médias ces derniers jours, le sujet reste néanmoins tabou et largement méconnu de l’opinion publique.
Des causes multiples et complexes
Les causes du suicide en Côte d’Ivoire sont diverses et profondément enracinées dans le tissu social et culturel du pays. La dépression, les problèmes de santé mentale non traités, et des situations de stress intense sont identifiés comme des facteurs de risque majeurs. Cependant, d’autres éléments aggravants contribuent à cette situation alarmante.
La stigmatisation entourant la santé mentale demeure un obstacle significatif. En effet, la perception culturelle des maladies mentales en Côte d’Ivoire est souvent associée à des phénomènes paranormaux ou spirituels. Cette vision empêche de nombreuses personnes de rechercher l’aide appropriée, de peur d’être jugées ou ostracisées par leur communauté. À cela s’ajoutent les traumatismes liés aux conflits armés que le pays a connus par le passé, ainsi que les troubles de santé mentale qui en découlent.
Les problèmes relationnels et familiaux représentent également des déclencheurs potentiels. Les tensions au sein des familles, le manque de soutien, et les pressions sociales peuvent accroitre la vulnérabilité des individus face à la dépression et au suicide.
Des initiatives pour la prévention
Face à cette situation, les autorités ivoiriennes ont mis en place plusieurs initiatives visant à prévenir le suicide et à soutenir les personnes en détresse psychologique. Le plan stratégique national de santé mentale 2023-2025 comprend notamment des programmes spécifiques pour les jeunes, tels que des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les universités, ainsi que des services de conseil et de soutien psychologique.
En parallèle, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) locales, comme SOS Dépression et la Fondation Ivoirienne pour la Santé Mentale, œuvrent activement pour offrir des services de soutien, des groupes de parole et des ateliers destinés à aider les jeunes à gérer la dépression. Des lignes d’assistance téléphonique, telles que le 143, offrent également un soutien immédiat et confidentiel aux jeunes en détresse.
Une mobilisation accrue
À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, célébrée le 10 septembre, les acteurs de la santé et les organisations de la société civile ont redoublé d’efforts pour sensibiliser le public à ce problème de santé publique. Cette mobilisation vise à briser le silence et à encourager les personnes à rechercher de l’aide avant qu’il ne soit trop tard.
La lutte contre le suicide en Côte d’Ivoire nécessite une approche globale qui inclut la sensibilisation, le soutien psychologique, et la déstigmatisation de la santé mentale. Il est crucial que les efforts se poursuivent et s’intensifient pour réduire ce fléau et protéger les populations les plus vulnérables.