L’Industrie Forestière en Côte d’Ivoire : Un secteur sous pression face à la déforestation

L’Industrie Forestière en Côte d’Ivoire : Un secteur sous pression face à la déforestation

L’atelier bilan annuel du Ministère des Ressources Naturelles et Forêts, tenu du 5 au 9 février 2025 à San Pedro, a permis de dresser un état des lieux de l’industrie forestière ivoirienne et d’identifier les défis ainsi que les opportunités qui se présentent pour les années à venir.

Les discussions ont mis en évidence la forte dégradation du couvert forestier ivoirien, qui est passé de 16 millions d’hectares dans les années 1960 à seulement 3 millions aujourd’hui. Cette situation alarmante est le résultat de plusieurs facteurs :

  • L’exploitation illégale du bois, alimentée par une forte demande locale et internationale.
  • L’agriculture extensive, en particulier la culture du cacao, qui reste un moteur clé de la déforestation.
  • L’urbanisation croissante, qui exerce une pression sur les espaces naturels.
  • Les feux de brousse et la surexploitation des terres agricoles, contribuant à la disparition progressive des forêts.

Cette dégradation a des conséquences environnementales et socio-économiques majeures, notamment la perte de biodiversité, la dégradation des sols, les changements climatiques et la raréfaction des ressources en eau.

Lors de l’atelier, le Ministre Laurent Tiagba a souligné l’importance de la valorisation des produits forestiers pour faire de l’industrie du bois un moteur de croissance durable. Plusieurs projets structurants ont été mis en avant pour accompagner cette transformation :

  • Le développement de plantations industrielles de bois, afin d’assurer un approvisionnement durable aux unités de transformation.
  • La modernisation des infrastructures forestières, avec des investissements dans des entreprises locales.
  • La mise en service de l’École nationale des eaux et forets, qui formera des spécialistes du secteur.

L’objectif est de positionner la filière bois comme un secteur clé du développement économique, tout en garantissant une exploitation responsable des ressources naturelles.

Face à l’urgence écologique, le gouvernement a adopté une stratégie nationale de préservation et de réhabilitation des forêts, qui prévoit :

  • Le développement de pépinières modernes et l’implication des communautés locales dans le reboisement.
  • Le renforcement de la surveillance forestière, avec la mise en place d’une Brigade spécialisée.
  • La restauration des zones dégradées, avec pour objectif de replanter 5 millions d’hectares d’ici 2030.

Malgré ces efforts, les experts présents à l’atelier ont souligné la nécessité d’un engagement accru du secteur privé et d’une sensibilisation renforcée des populations à la gestion durable des ressources naturelles.

L’atelier bilan a défini plusieurs priorités stratégiques pour 2025 :

  1. Accroître la transformation locale des produits forestiers, afin d’augmenter leur valeur ajoutée.
  2. Renforcer les capacités humaines et matérielles, notamment par des formations spécialisées et la modernisation des équipements.
  3. Encourager la plantation d’arbres à usage industriel, pour réduire la pression sur les forêts naturelles.
  4. Favoriser l’inclusion, avec un objectif de 20 % de femmes dans les postes de responsabilité dans le secteur forestier.
  5. Améliorer les outils de suivi et de contrôle, afin d’assurer une gestion plus efficace et transparente du patrimoine forestier.

Les débats et recommandations issus de cet atelier bilan annuel montrent que la Côte d’Ivoire est à un tournant décisif. Si la tendance actuelle de déforestation n’est pas inversée, le pays risque de voir disparaître une grande partie de ses ressources naturelles. Toutefois, grâce aux efforts conjoints du gouvernement, des entreprises et des partenaires internationaux, un modèle durable et rentable est en train d’émerger.

Avec une vision intégrée alliant écologie, économie et inclusion sociale, l’industrie forestière ivoirienne peut devenir un pilier stratégique du développement durable, garantissant à la fois la préservation du patrimoine naturel et la prospérité économique des générations futures.

Mama Afrika

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